Dans les institutions, le but premier des ateliers/animations est de faire travailler les personnes sur leurs troubles cognitifs au travers de la stimulation. Ces interventions concourent au maintien ou à la réhabilitation des capacités fontionnelles, des fonctions cognitives et sensorielles et au maintien du lien social et affectif.
Qu’est-ce que la stimulation
La stimulation a toutes sortes de but. Il y a la stimulation physique et morale. La stimulation est le fait de solliciter la personne pour qu’elle mobilise ses compétences.
Qu’est-ce que les fonctions cognitives
Ce sont des fonctions intellectuelles, toutes les capacités qui nous permettent de voir et comprendre le monde qui nous entoure :
- La mémoire (différents systèmes de mémoires),
- L’attention, la concentration,
- Le langage (s’exprimer à l’oral et à l’écrit et comprendre ce que l’on nous dit),
- Les fonctions exécutives : La planification, l’organisation, le raisonnement, l’inhibition de ses envies/besoins (s’empêcher de dire ou de faire),
- Les sens (reconnaître les sons, les objets par la vision, le toucher, l’odorat…) : les gnosies,
- Savoir programmer des gestes (praxies),
Définition de la cognition :
Ensemble des processus par lesquels l’information sensorielle est transformée, réduite, élaborée, stockée, récupérée et utilisée. Cela nous permet d’accéder à la connaissance du Monde.
Les troubles cognitifs sont la résultante de diverses causes :
- Stress, fatigue, surmenage,
- Vieillissement,
- Accidents traumatiques,
- Sortie d’un coma,
- AVC,
- Pathologies Neurologiques (Alzheimer, Parkinson…)
- Dépendance aux toxiques (alcool, drogues),
- Pathologies psychiatriques (schizophrénie…),
- Pathologies congénitales,
- Déficience du psychisme.
Mise en place d’ateliers sur les fonctions cognitives
Ces ateliers thérapeutiques/animations sont mis en place pour travailler la mémoire, le langage, l’orientation temporo-spatiale, les sens… autours de stimulations intellectuelles, physiques, sociales et culturelles dont le but pour les personnes aidées est :
- D’apprendre,
- De maintenir leurs capacités physiques et intellectuelles,
- De préserver, d’apprendre ou de retrouver des aptitudes sociales (attendre son tour, écouter les autres…),
- De maintenir un lien social,
- De s’exprimer selon leur degré de dépendance,
- D’éviter que l’ennui et les régressions ne s’installent,
- De prendre du plaisir, partager un moment agréable,
- D’oublier le quotidien.
Les ateliers/animations doivent être proposés sous forme ludique afin d’éviter de tomber dans les contraintes rituelles auxquelles les personnes accompagnées sont soumises chaque jour (petits déjeuners, repas….). Ce doit être un moment où ils oublient le quotidien. Il faut faire en sorte que ce soit un moment de plaisir et qu’ils aient envie de revenir. Pour cela, les accompagnements doivent être présentés sous forme de jeux. Cela doit être entraînant et distrayant. Elles devront être adaptées aux volontés exprimées et aux capacité de la personne afin d'éviter la mise en échec qui peut induire des troubles psychologiques et comportementaux.
Il est recommandé de privilégier les activités ayant un sens pour les personnes, en lien avec leur histoire. En l'absence de communication verbale, le professionnel s'attache à repérer des signes non verbaux (attitudes, comportement, posture...) de plaisir, de bien-être ou de refus.
Quelles formes d'ateliers peut-on faire ?
- Les ateliers "recréatifs" pour travailler sur les troubles cognitifs (ateliers mémoire, mots croisés, mot le plus long, pâtisserie, loto...). Ces ateliers permettent de solliciter les différentes phases du processus de mémorisation, où seront stimulés la mémoire sensorielle, la mémoire à court et long terme. Les objectifs pédagogiques sont de stimuler les sens (vision, audition, goût, toucher). Travailler le sens de l'attention, de la concentration, de l'observation. Mais aussi la structure mentale, les techniques d'associations, les repères spatiaux temporels.
Nous pouvons aussi rajouter l'atelier Snoezelen dont l'axe majeur est la détente. Il permet à la personne de se découvrir au travers d'une parcours sensoriel proposé par l'encadrant. Les axes secondaires de cet atelier sont se relaxer, prendre du plaisir, être à l'écoute de soi et de son corps, stimuler la mémoire sensorielle, apprendre à accepter, ressentir, redécouvrir des sensations, de émotions oubliées.
- Les ateliers favorisant l'expression sous toutes ses formes (Peinture, dessin, travaux manuels, couture....). Le principe de ces ateliers est de permettre à chacun de trouver la ou les techniques lui permettant de s'exprimer et de se découvrir au travers de celles-ci. Les objectifs pédagogiques sont stimuler la mémoire sensorielle, travailler sur la motricité fine, l'apprentissage de nouvelles techniques, favoriser l'épanouissement personnel, susciter l'expression de soi et la partager avec les autres, exprimer sa créativité, solliciter l'imagination, prendre du plaisir à expérimenter/à découvrir, valorisation de l'estime de soi, savoir se repérer dans l'espace, savoir travailler dans un espace donné et manipuler des matériaux divers et variés.
- Les ateliers de "prévention" (gym, gym douce adaptée, parcours santé, équilibre pour la prévention des chutes..). Le principe de ces ateliers est de permettre aux personnes de reprendre conscience de leur corps. Ils redécouvrent l'importance de le solliciter pour maintenir leurs acquis et prévenir d'éventuelles chutes. Les objectifs pédagogiques sont de travailler l'appareil locomoteur (sur le plan musculaire, entretien de la souplesse articulaire), mais aussi de maintenir les capacités de concentration, de mémorisation (mémoire sensorielle), contribuer au maintien des repères spatiaux-temporels, améliorer l'adresse, la coordination, se réapproprier son corps, gagner de la confiance, gérer des situations de stress, surmonter ses peurs, ses angoisse face à la chute, mieux appréhender les situations de déséquilibre et solliciter son équilibre.
- Les ateliers festifs (Spectacles, cinéma, sorties, après-midi crêpes, ventes-expositions...). Le principe est de rompre le quotidien, d'amener de la convivialité et des moments de partage entre les personnes. C'est également l'occasion de rencontrer et d'échanger avec des personnes extérieures ou de découvrir de nouvelles moeurs ou de nouvelles cultures. Les objectifs pédagogiques sont de briser la monotonie du quotidien, favoriser les échanges, rompre l'isolement, éliminer les tensions psychiques, prendre soin de son image (se préparer), stimuler les sens, susciter l'évocation de souvenirs, amener de la joie, de la bonne humeur, favoriser l'ouverture à l'ouverture à l'extérieur, se réapproprier des repères dans le temps au travers d'un contexte culturel, découvrir de nouvelles saveurs, prendre plaisir avec les autres, partager ses compétences, ses savoir-faire avec les autres, au travers de préparatifs.
.....
Comment monter des ateliers/animations de stimulations cognitives ?
Faire un atelier/animation, ce n’est pas « plaquer » un jeu occupationnel type « jeu de l’Oie ».
En général, les ateliers/animations à privilégier sont ceux attendus ou choisies par les personnes elles-mêmes (demandes et besoins).
- Préparation : Travail d’équipe en amont avec les différents professionnels. Observations, recherches : idées en rapport avec le projet d’établissement et le projet individualisé. Travail individuel par la suite quant à l’élaboration d’une fiche projet qui sera proposée à l’équipe (concertation) pour être validée.
- Créer un groupe : Pour cela, il est important de connaître les différentes pathologies des personnes aidées afin de moduler notre attitude en fonction des joueurs pendant le jeu. Il faut consulter le dossier médical des personnes ; se renseigner auprès de l’équipe, consulter le projet personnalisé… Il faut prendre en compte les troubles cognitifs de chacun (difficultés similaires) pour avoir un groupe homogène et éviter les situations d’échec.
- Tenir compte des goûts, des loisirs de chacun : Il faut un peu connaître la personne (son histoire). Elle participera plus facilement à l’atelier/animation, si c’est quelque chose qu’elle aime ou aimait bien faire (chants, jardinage…).
- Mise en oeuvre du projet : Tout atelier/animation qui doit être mis en place auprès des personnes aidées demande un minimum de préparation (la salle, le matériel…). Si le projet demande aussi la création d’un objet, par exemple, il est préférable d’en réaliser un avant afin de ne pas avoir de surprises le jour J.
- Evaluation : Elle sert de bilan. Elle se fait à partir d’un questionnement. En fin de séance, la personne qui met en place l'activité peut demander aux personnes ce qu’elles ont pensé de l’activité. En parallèle, elle doit évaluer cet atelier/animation : les objectifs ont-ils été atteints ou pas ? ; Qu’est ce qui a fonctionné ou pas ? ; Que faudrait-il changer ou réajuster pour les prochaines séances ?...
La fiche projet
Mettre en place une activité, ça se prépare. Il faut écrire son projet en tenant compte de plusieurs critères :
- Description du projet,
- Le ou les objectifs attendus,
- Nombre de personnes pouvant participer à l’atelier/animation,
- Le type de publics,
- Le matériel utilisé pour réaliser l’atelier/animation,
- Le budget,
- Le lieu,
- La périodicité, durée des ateliers/animations,
- Le déroulement.
L’une des méthodes pour bien monter un projet est la méthode QQOQCPC : Qui, Quoi, Où, Quand, Combien, Pourquoi, Comment.
Les transmissions
Une fois les activités/ateliers thérapeutiques ou animations terminées, il faut rendre compte de ces activités, ateliers ou animations à l'équipe ; à notre responsable de service ; voire parfois expliquer ce que l'on a fait aux familles.
Cela se fait oralement ou par écrit (papier/informatique).
Les objectifs et le bénéfice de ces interventions serviront aussi de support pour l'actualisation du projet personnalisé.
A savoir/Comportement
Il faut s’adapter aux capacités des personnes à accompagner :
- Selon les pathologies et afin de rassurer les personnes, il est préférable lors des ateliers de garder les mêmes rituels (demander la date du jour, expliquer ce que l’on va faire…).
- Il faut choisir aussi, une activité où l’accompagnant est à l’aise, qu’il est envie de la faire. L’ambiance et les échanges seront plus faciles.
- Communiquer toujours, quelle que soit la forme utilisée, pour être clairement compris : les écrits au tableau sont parfois incompréhensibles, illisibles (penser à écrire très gros afin que les personnes voient bien ce qu’il y a d’écrit au tableau).
- Participer aux jeux avec les personnes.
- Savoir aussi parfois se faire oublier, ne pas se montrer ostensiblement envahissant... pour favoriser les échanges entre les participants.
- Respecter le temps de réponse (parfois plus ou moins long).
- Etre souriant, à l’écoute.
- Quelquefois, les animations ne vont pas avoir le résultat souhaité (participation des personnes). Ce n’est pas pour autant qu’il faut les abandonner. Il faut juste réfléchir sur la façon de leur proposer cette animation. Il va peut-être falloir stimuler les résidents et capter leur attention autrement (par le toucher quelquefois) ou aborder ce jeu d’une autre manière.
- Eviter de rejeter une personne d’un groupe alors qu’elle ne participe pas. Si elle ne perturbe pas l’animation, ce n’est pas pour autant qu’elle doit en être exclue. C’est justement à nous de la stimuler, avec divers moyens, pour qu’elle participe et s’intègre au groupe.
- Il faut aussi savoir faire preuve de patience, car le résultat ne peut être visible qu’après plusieurs séances. Exemple : une personne qui fait preuve de mutisme, peut après plusieurs séances d’animation, redresser la tête et nous faire un sourire, ou ouvrir les yeux. Ce qui veut dire que pendant quelques secondes, elle s’est intéressée à ce qui a été dit ou fait. Notre travail va être par la suite, de faire en sorte qu’elle soit de plus en plus présente….