Quelle distance doit-on garder pour rester professionnel
(Textes repris sur internet et des documents : infirmiers.com)
 
 
DEFINITION DE LA DISTANCE
 
D’après Pascal PRAYEZ, « La distance est la séparation de deux points dans l’espace, de deux objets éloignés l’un de l’autre par un écart mesurable. Selon l’étymologie latine, il s’agit de « se tenir debout », en étant séparé de l’autre par un espace plus ou moins important ».
 
LES FORMES DE DISTANCE
 
Dans la relation soignant-soigné, le professionnel de santé se doit de garder une certaine  distance, afin de ne pas être dépassé par ses propres affects. Néanmoins, il n’est pas toujours facile pour lui, de trouver cette juste distance. Une distance trop importante peut entraîner une mauvaise compréhension des besoins du patient ou au contraire, une distance non respectée peut engendrer une relation qui devient trop personnelle entre le patient et le soignant. Afin d’aider le personnel de santé à identifier cette juste distance, il existe différentes formes de distance :
 
« Edward T.Hall propose une description des distances :
  • La distance intime ou privée (0 à 15 cm) : le contact est de peau à peau ;
  • La distance intime de mode éloigné (15 à 40 cm) : les corps sont disjoints, mais assez proches pour se toucher ;
  • La distance personnelle (45 à 75 cm) : distance minimum acceptable par chaque individu ;
  • La distance personnelle, mode lointain (75 à 125 cm) : distance des relations professionnelles ;
  • La distance sociale (1,20 à 2,10 m) : aucun contact n’est possible ;
  • La distance sociale, mode lointain (2,10 à 3,60 m) : distance de recul, d’observation ;
  • La distance publique (3,60 à 7,50 m) : distance qui concerne plus le groupe que l’individu ;
  • La distance publique, mode lointain (7,50 m et plus) : distance des personnages officiels ».
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    Nous pouvons constater que les professionnels de santé se situent dans une distance personnelle, mode lointain, seulement ils se trouvent également dans la distance intime de mode éloigné lorsqu’ils réalisent les soins et des accompagnements. Il est donc difficile pour eux de savoir quelle distance adopter dans une relation.
     
     
    DANS QUELLE MESURE PEUT-ON PARLER DE DISTANCE PROFESSIONNELLE LORS D’UNE PRISE EN CHARGE OU D’UN ACCOMPAGNEMENT DES RESIDENTS SUIVIS AU QUOTIDIEN ?
     
    En institution, le soignant rentre beaucoup plus dans l’intimité du malade puisqu’il connaît ses habitudes de vie, sa famille... Il lui arrive de recevoir des cadeaux de celui-ci ; Le soignant cherche alors à comprendre la signification de ce geste et évalue sa valeur par rapport aux moyens financiers de la personne soignée afin de savoir s’il peut accepter ou non ce cadeau. De plus, le soignant prend en charge ou accompagne le résident sur une longue durée. Il suit l’évolution de sa maladie et dans le cas où l’état de santé du malade se dégrade et aboutit au décès, le soignant peut alors être en souffrance émotionnelle. Il peut avoir du mal à faire le deuil de ce décès et ne plus trouver la force psychologiquement de continuer à exercer.
     
    Il est donc nécessaire pour le soignant de fixer des limites aux résidents ainsi qu’à leurs proches, de prendre du recul et de passer le relais quand la situation devient trop difficile à gérer afin de se protéger  lui-même et de protéger les résidents.
     
     
    LA NOTION DE DISTANCE
     
    La distance soignant-soigné n’est pas figé, elle est élastique, malléable, elle évolue avec la relation. Elle et liée à l’évolution clinique de la personne soignée, de ses propres motivations et des objectifs du projet de soins ou individualisé.
     
    La distance doit être considérée dans un sens positif, en tant qu’outil pour la pérennité et la stabilité de la relation, en ce sens qu’elle sépare, tout en gardant une approche suffisante pour que le résident ne se sente pas écarté. La distance représente pour le soignant une certaine lutte constante entre le fait de céder totalement à la demande d’affection excessive du résident et le fait de rester positionné sur une attitude rigide et distante. C’est un incessant va et vient entre éloignement et rapprochement.
     
     
    LES MOYENS POUR GARDER UNE « BONNE DISTANCE » PROFESSIONNELLE
     
    Vouvoiement et tutoiement :
    La plupart du personnel soignant utilise le vouvoiement pour s’adresser à leurs résidents sauf s’il s’agit d’enfants, d’adolescents ou de personnes qu’il connait avant de les prendre en charge ou de les accompagner. Certains personnels tutoient également si le résident en fait la demande (après discussion auprès de l’équipe et accord commun).
    L’appellation de la personne par son nom (M.X, Mme Y…) accompagnée d’une poignée de main, permet aussi de garder une bonne distance professionnelle. C’est une marque de respect de la personne, de l’environnement et cela permet la remise en question et le recul.
     
    Le comportement des résidents
    Selon l’âge du soignant et son ancienneté dans le service, certains résidents vont se comporter différemment et parfois peut-être dépasser les limites dans la relation. C’est au soignant alors, soit d’ignorer la personne, voire passer le relais, ou à communiquer pour mettre au clair les choses avec le résident. Il y en a qui vont être stricts selon la situation alors que d’autres peuvent essayer de le faire sous forme d’humour. Mais le but est de recadrer la personne et de rappeler son statut et son rôle dans la prise en charge ou l’accompagnement de la personne.
     
    Eviter l’attachement amical
    Le résident se doit aussi de rester dans le respect. Si un copinage s’installe, il deviendra difficile plus tard, pour le soignant, de rappeler les règles au soigné car il ne comprendra plus rien.
    Le résident peut aussi partager beaucoup et a besoin que le soignant partage également mais celui-ci doit faire attention de ne pas trop en dire ; c’est à dire qu’il doit bien faire la différence entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. Il doit parfois savoir dire « non» au résident et lui expliquer que certaines choses ne font pas partie de ses attributions et qu’il vient pour le soigner et/ou l’accompagner (l’aider). C’est pourquoi, il faut fixer ses propres limites dans la relation avec le patient.
    Si vous ne rappelez pas au soigné vos disponibilités, car vous avez cédé quelques fois à leur demande, il sera contradictoire, plus tard, de leur dire non. Du coup, le résident peut se mettre en position de repli, et il y aura un échec de la prise en charge et/ou de l’accompagnement et donc de votre relation avec le patient (la confiance).
     
    Les affects, sentiments et émotions
    Ces trois termes sont en lien les uns avec les autres.
    Chaque professionnel de santé a ses propres émotions et sentiments. Les émotions sont diverses et sont perçues de différentes façons selon chacun. Etant donné que chaque relation avec le résident est unique, le soignant éprouve alors différentes émotions selon la situation, qu’il arrivera plus ou moins à gérer.
    Le soignant doit savoir repérer ses émotions, car les reconnaître, c’est lui permettre de les maîtriser pour ne pas aboutir à une relation fusionnelle. Afin d’éviter d’avoir trop d’affect, il est important, pour le professionnel de santé, de s’impliquer vers une juste distance.
     
    La régression
    La tentation de certaines personnes dépendantes est de se comporter comme des enfants et de se laisser aller puisque le soignant s’occupe de lui. Tout individu en situation psychologique difficile tend à prendre les attitudes d’un enfant. Il aura tendance à demander beaucoup plus, en utilisant différents moyens affectifs afin que l’on reste plus longtemps avec lui, qu’on s’occupe que de lui et il devient incapable  de donner de l’attention à son entourage.
    Attention là aussi à garder une juste distance et à ne pas se laisser envahir par ses émotions. Les résidents en situation de dépendance doivent être stimulés. Il faut favoriser leur autonomie, malgré leur réticence.
     
    L’identification projective, le transfert
    Elle concerne le soignant et pas le résident. Le risque est de se dire : je suis comme lui, moi je réagirais comme ça, donc lui aussi doit réagir comme ça.
    Autre exemple, le résident nous rappelle une personne proche alors on va en faire plus pour lui… Il faut faire attention à ne pas tomber « dans ces pièges » et se remettre en question, prendre du recul.
     
    Le patient agressif
    Conserver une distance physique avec lui. Ne pas utiliser des arguments d’autorité. Rester le plus calme possible dans la voix et dans les gestes et participer activement à la discussion. Axer la discussion sur ce qu’il souhaite pour répondre au mieux à ses besoins.
     
     
    CONCLUSION
     
    La bonne distance « protocolisée » n’existe pas. Il appartient donc à chacun des soignants d’auto évaluer et d’adapter sa propre distance avec le résident en fonction de la dynamique de la relation.
     
    Les limites sont personnelles et dépendent de chaque soignant.
     
    Pascale Prayez définit la juste distance comme la « Capacité à être au contact d’autrui malgré la différence des places». Nous comprenons alors que la juste distance n’est pas d’être à l’écart du patient mais d’être au contact de lui pour le soigner, l’accompagner, sans oublier notre rôle de soignant. C’est à dire que le soignant doit se dire, lorsqu’il est auprès d’un résident, qu’il vient pour un but précis.
     
    Il est quand même important de préciser, que le non-respect de cette distance professionnelle dans la relation soignant-soigné, qui est parfois difficile à garder, est quand même nécessaire, car elle peut amener à un épuisement professionnel.
     

     
     
     
     
     



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